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La chambre d’ombres

de Camilo Restrepo

Super 16mm sur vidéo, couleur, son, 65’, 2024

De sa fenêtre une femme regarde le monde du dehors. Des cris, des explosions, des bruits d’hélicoptères laissent comprendre que la chambre est pour la femme un refuge en temps de guerre. Une guerre que le film ne montre pas.
Le film se déroule durant trois jours et nuits dans son sommeil. Entre ses occupations quotidiennes et ses moments d’observation par la fenêtre, la femme réfléchit à voix haute. Des images lui reviennent en mémoire. Des photos, films, peintures et livres surgissent dans des monologues qui habitent sa solitude. La femme compose ainsi un parcours subjectif dans l’histoire de l’art résonnant avec la violence extérieure qui la guette et l’enfermement dans lequel elle vit.
La menace du monde extérieur se fait de plus en plus présente. Le destin de la femme semble suspendu à la progression de cette menace. Une pierre vient briser un carreau de la fenêtre, qui finira totalement détruite après l’explosion d’une bombe dans un immeuble voisin.
Consciente de sa condition de prisonnière de son propre refuge, la femme détruit dans un accès de rage le mobilier de la chambre, défonce portes et murs. Elle est enfin prête à affronter le monde extérieur. Lorsqu’elle quitte la chambre, elle découvre une ville désertée, surveillée par des caméras. La femme lance une pierre contre une de ces caméras, en brisant l’objectif. Cette destruction de l’appareil, comme celle de la chambre où s’accumulaient les souvenirs d’images, est pour la femme un geste de libération. Au terme de ses réflexions, la femme décide du sort de sa propre image, qu’elle refuse à la caméra.
Entre documentaire et fiction, La chambre d’ombres propose une nouvelle façon d’imager l’histoire de l’art.

Produit par 5 à 7

 

 

Terre rouge terre noire

de Agnès Perrais

16mm, couleur et n&b, son opt., 7’, 2024

Quatre motifs d’un paysage insulaire : dunes, herbes, ciel d’orage, mer. Ces motifs sont déclinés et entremêlés par plusieurs opérations de laboratoire : générations successives de copies, tirage à plat, surimpressions au tirage, virages chimiques, font vaciller les plans fixes et désertés pour créer un paysage imaginaire où les éléments et les matières se rejoignent. 

Produit par La surface de dernière diffusion et distribué par Lightcone – Atelier 105

 

 

Frieda TV

de Léa Lanoë

16mm, HD, DV sur vidéo, couleur, son, 79’, 2024

« Portrait à fleur de peau, coulé dans l’amitié et le plaisir du jeu, de Gerda Frieda Janett Gröger, au verbe haut et punk, à la poésie brandie envers et contre tout.
Gerda Frieda Janett Grôger, « née en 1972, de signe astrologique Balance, tapeuse d’œufs », est sur la brèche. Elle trace des sillons dans le réel à coup de punchlines poétiques et punk et ne laisse rien tranquille (l’espace public, les dénominations psychiatriques, nous). Le premier long métrage de Léa Lanöe est un portrait documentaire lumineux et poignant. Frieda TV reste irréductible à un genre comme Gerda Frieda Janett Gröger échappe à toute tentative d’être saisie, fixée, définie. Il sécrète plutôt l’idée que c’est son personnage lui-même qui se met en scène selon son bon vouloir, tout en rappelant en permanence, par la présence discrète et tendre de la réalisatrice, que la relation filmée provient d’une complicité primordiale. Frappe alors combien la douceur de Léa Lanöé répond à la vitalité foudroyante de Gerda Frieda Janett Gröger. Et vice versa. Frieda TV est le témoignage d’une amitié qui a fait du cinéma l’objet d’un acte de reconnaissance mutuelle : l’une acceptant de jouer le jeu, l’autre de faire un film. Sont consignés, en 16 mm ou en DV, et montés à fleur de peau des saynètes et des moments de vie qu’ont partagé sur un temps long et indéfini la cinéaste et son modèle. L’ensemble respecte et épouse fermement les changements identitaires comme les variations d’intensités qui font et défont le quotidien de Frieda. Parce qu’elle fait de la caméra son alliée, nous pouvons supporter la frontalité de sa parole qui expose la violence dont elle a été victime, les désastres intimes comme les états qu’elle traverse. Et le film produit ainsi son double mouvement : construire un chemin à sa rencontre et traduire, par son montage fragmentaire, ses états d’être. Frieda TV se trouve là, à une intersection irradiante qui interroge avec une rare finesse nos façons normopathes, individuelles et collectives, d’accueillir celles et ceux que l’on dit fous.» (Claire Lasolle)

Réalisé en collaboration avec Janett Gröger
Réalisation-image-son : Léa Lanoë
Costumes-décors-textes : Janett Gröger
Montage : Adrien Faucheux
Montage son / Mixage : Pablo Salaûn

 

 

“Autrement, la Molussie” de N. Rey et “Los conductos” de C. Restrepo, le 22 novembre à la Cinémathèque française à Paris – 18h et 20h

La Cinémathèque française invite L’Abominable dans le cadre de sa programmation “Fenêtre sur les collections”.
Deux séances présentées par Delphine Voiry-Humbert, en présence des cinéastes.

Jeudi 22 novembre – 18h et 20h, Salle Jean Epstein
La Cinémathèque française
51 rue de Bercy. 75012 Paris

Depuis deux ans, l’association L’Abominable travaille à l’ouverture d’un nouveau lieu sur le site des anciens laboratoires Éclair d’Épinaysur- Seine : le Navire Argo. Associant un laboratoire cinématographique partagé et une salle de projection publique équipée pour montrer les films sur leurs supports originaux, le Navire Argo sera un lieu de création, de projection et de transmission des savoirfaire du cinéma argentique. Cette séance est l’occasion de mettre en lumière deux films de cinéastes de L’Abominable dont les copies sont déposées dans les collections de la Cinémathèque française.

18h00

Autrement, la Molussie

Nicolas Rey
France / 2012 / 81 min / 16mm

Des prisonniers d’une geôle d’un État fasciste imaginaire, la Molussie, se transmettent des histoires à propos du dehors, comme autant de fables à portée philosophique.

20h00

Los Conductos

Camilo Restrepo
France-Colombie-Brésil / 2020 / 70 min / 35mm

Avec Luis Felipe “Pinky” Lozano, Fernando Úsaga Higuita.

Pinky a pris la fuite. Il vient de se libérer de l’emprise d’une secte religieuse. Fraîchement débarqué à Medellin, il se trouve un abri de fortune et un petit boulot dans une fabrique de T-shirts. Mais alors qu’il tente de reconstruire sa vie et de réintégrer la société, il est bientôt rattrapé par des réminiscences violentes du passé.

Séance “J’ai marché jusqu’ici”, le 17 octobre à 20h au cinéma l’Ecran à Saint Denis

Première projection du film « J’ai marché jusqu’ici »
Film collectif – chantier cinématographique / 43 ‘/2023

Séance le jeudi 17 octobre à 20h
Cinéma L’Écran, 14 passage de l’Aqueduc à Saint-Denis (93)
Métro : Saint-Denis Basilique

Dans le cadre des Semaines de La folie Ordinaire franciliennes 2024

Entrée libre – buvette proposée par le Bar’Jo de la Trame


Ce film est issu d’un atelier de réalisation collective mis en chantier par Elisa Le Briand et Yoana Urruzola depuis l’association L’Abominable avec des usagères et usagers, animatrices et animateurs des Groupes d’Entraide Mutuelle de Saint-Denis, Montreuil et Epinay-sur -Seine, du Service d’Accompagnement à la Vie Sociale de Stains et de la Trame à Saint-Denis. 

Commencé en 2020 et terminé à l’instant, le film s’est construit un pied après l’autre, d’ateliers en séjours, ici et ailleurs. Il dessine chemin faisant un territoire et les contours d’une fabrication commune.

 

Mills of Time

de Pauline Rigal

16mm sur vidéo, couleur, son, 46’, 2024

Sur les bords sauvages d’une rivière cévenole, Philip et Tristan restaurent les systèmes d’irrigation d’un ancien moulin à eau du XVIIe siècle. Suspendus au passage de l’eau, ils travaillent ensemble, s’arrêtent, se reposent, partagent des moments d’accalmie.
Le film se déroule comme une fable, proche du film muet, dont les quelques éléments narratifs structurent la découverte du lieu et du passage de l’eau; l’arrivée soudaine d’un violent orage, un chant occitan dans le moulin pendant la pluie, l’arrêt de l’eau dans le béal, un feu dans le bassin… Telles des méditations sur le travail et la répétition, la lenteur des plans et le rythme donné par le montage rappellent sans cesse la fragilité de ces ouvrages et leur disparition, et plus largement la disparition de l’eau et la destruction de ces paysages sauvages au fil du temps – la menace de la destruction et de la perte comme fil dramatique traversant le film. Le film argentique comme médium porte autant de fragilités et d’incertitudes que le travail de ces deux protagonistes. Ces moulins ne tournent plus depuis très longtemps. Ils sont presque invisibles dans le film, mais habitent ce hors champ et cette mémoire ; le travail de ces deux personnages est à la fois essentiel dans la préservation de ce patrimoine et cette gestion de l’eau, mais aussi chargé d’absurdité car privé de sa finalité. Le ballet méthodique et incessant de ce duo à s’affairer à creuser ce canal à flanc de montagne, leur va-et- vient pour faire circuler l’eau transforment peu à peu le cadre qui s’emplit des changements sur le paysage.

 

 

 

Gymnastes

de Frédérique Menant

16mm sur video, couleur, son, 22’, 2024

Gymnastes est une plongée visuelle et sonore dans le travail quotidien de jeunes gymnastes de haut niveau. De la chute à l’envol, quelles forces leur faut-il déployer pour s’arracher ainsi de la pesanteur ?

Réalisé dans le cadre d’une résidence de recherche et création « Artistes et sportifs associés 2023 », accompagnée par L’Abominable, et portée conjointement par le Département de la Seine-Saint-Denis et la Ville de Paris, dans le cadre de l’Olympiade culturelle Paris 2024.

Trilogie Carnassière (2)

de Carole Thibaud

16mm, couleur, son opt.,14’, 2024

La trilogie Carnassière est un triptyque sur la viande.
Ce sont des animaux, des humains, des mises à mort, toujours dans un contexte intime, à la ferme, suivant une certaine tradition, avec ce qui s’est transmis et ce qui s’est perdu, avec de la joie, de l’improvisation, du chaos, mais aussi cette gravité nécessairement liée à la mort.
Le premier film est un tissage d’ailes, de plumes, et de sang de poulets.
Le second est une mise à mort de cochons, filmée en 16mm dans un lieu collectif, où l’on ressent l’importance forte de la transmission et du partage. De loin on croirait voir une agitation fébrile, confuse, mais c’est à l’approche que l’on découvre la précision des gestes et un savoir-faire précieux, et cela devient comme une danse de bottes, de mains et de couteaux. Il y a à la fois ce sentiment du moment grave, presque solennel, car on a tué et il faut que cela soit bien fait, et cette joie qui augure la convivialité à venir, le plaisir intense du repas partagé.

Création sonore : Blandine Brière
Fabriqué à Mire, L’Abominable et Color by Dejonghe.

 

Portait collage Claire Panaget

de Anaïs Ibert

Super 8 & 16mm sur vidéo, couleur et n&b, son, 5’20, 2024

« Elle a ouvert la porte, franchi le seuil. Elle s’est approchée, timide, s’est laissée imprégnée par cette langue étrange, ignorant encore qu’elle avait rendez-vous avec l’éternité. » Claire Panaget

 

 

Le pied du loup

de Fabrice Leroy

Super 8 sur vidéo, n&b ,son, 58’, 2024

« Et quand il n’y a plus rien, prendre conscience que rien ne pourra détruire la profondeur inconnue qui m’habite, que rien ne pourra détruire la vie qui ruisselle en moi. »
Ce qu’elle a vécu avant, nous l’ignorons. Ce à quoi nous assistons, c’est à son combat intérieur. Peu à peu, semblant émerger d’une longue absence à elle-même et à la vie, elle refait surface, dans sa masure aménagée de bric et de broc. Elle vit là au milieu des objets, les regarde, les touche, d’une façon étrange et tendre. Elle semble éprouver pour eux un attachement profond, comme s’ils lui révélaient quelque chose au-delà de leur simple qualité d’objet, comme s’ils avaient, en quelque sorte, une âme. Son empathie, cette façon organique de ressentir les choses, cette flamme qui l’habite lui permettent de sortir de sa mélancolie.
Elle a abandonné l’idée de vivre dans le monde extérieur, qui lui échappe, pour s’immerger dans un monde des sens, qui lui ouvre la porte vers une profondeur dans laquelle elle se sent à sa place. Elle traverse des moments où elle est submergée par des émotions qu’elle ne contrôle plus, mais ne renonce jamais, guidée par un élan vital intense. La lutte a beau être épuisante, elle ne démissionne jamais. Elle a parfois la sensation de fusionner avec la matière qui l’entoure, vivant alors chacun de ses gestes dans la plénitude parce qu’elle sait que le seul fait d’être vivante est un don dont il faut profiter au mieux.