Rencontre avec Jérémy Gravayat aux Écrans Documentaires, le 6 novembre

Une rencontre avec le cinéaste Jérémy Gravayat, qui mène depuis deux ans son projet “Atlas” à la Courneuve, est organisée par le festival Les Écrans Documentaires à Arcueil, le 6 novembre, dans le cadre de l’événement « Habiter le monde ».

Deux films du cinéaste y seront projetés :

Vendredi 06 novembre 2015 à 13h30 (Salle 2)

Les hommes debout, vidéo & super 8, 75min, 2010

Traverser les ruines de l’usine, se souvenir des gestes répétés. Entendre les voix des ouvriers rassemblés dans la cour et le silence des machines arrêtées. Parcourir la ville dans la boue des chantiers, partir à la recherche d’un travail. Frapper la pierre et la brique, regarder les choses lentement s’effondrer. Repérer les lieux, s’y introduire, changer les serrures et raccorder l’électricité. Se rassembler dans la nuit, allumer un feu, construire de nouveaux abris. Raconter toujours la même histoire : celle qui fait tenir les hommes debout.

Vendredi 06 novembre 2015 à 13h30 (Salle 2)

Planches, clous, marteaux, 16mm, 11min, 2014

Où l’on construit, détruit, reconstruit, des abris… Sur le chemin d’un film bien plus long, autour de quelques fragments d’une histoire de l’habitat social et précaire à La Courneuve en Seine Saint Denis, nous enregistrons des récits, consultons des archives, tournons des images, recherchons des lieux, confectionnons un journal, une forme d’Atlas.

Gravayat_clous

La projection sera suivie d’une discussion avec le cinéaste autour de son projet cinématographique. 

ATLAS, AUTOUR D’UN FILM EN COURS

“Depuis une quinzaine d’années, j’alterne la réalisation de films personnels documentant des territoires étrangement habités (lieux de vies et passages de sans-papiers ou de migrants, quartiers en restructurations urbaine) avec des formes de pratiques cinématographiques d’ateliers, financées par des « politiques de la ville » en demande de participations habitantes. Depuis deux ans, je suis accueilli par L’Abominable, laboratoire cinématographique partagé, installé à La Courneuve en Seine-Saint-Denis, dans une portion vouée à démolition de la Cité des 4000. J’y travaille à la réalisation d’un film sur le devenir habitant, qui, en partant de la collecte de récits oraux, cherche à retisser ce qui cohabite et fait cité dans le recoupement d’expériences passées et présentes du logement en banlieue. Ces récits forment une histoire intime tout autant que collective, celle de la vie des Grands Ensembles, mais aussi de leurs entours, parcours d’habitants des bidonvilles d’hier et d’aujourd’hui, des cités de transit ou des foyers. En prenant le temps de faire de nombreuses rencontres, sans caméra, de me plonger dans des fonds d’archives, d’écrire un film à partir des mots des uns et des autres, d’organiser des débats publics, ou de réaliser et distribuer un journal rendant compte de ces recherches, je souhaite déplacer un peu conjointement la production du cinéma, l’apparition de la parole et certaines formes de représentations ou de participations attendues. Pour évoquer ce parcours de cinéma, j’ai souhaité agencer quelques éléments fragmentaires. Deux extraits du long-métrage LES HOMMES DEBOUT, tourné en 2009 à Lyon, dans le quartier industriel de Gerland, alors en pleine restructuration urbaine, retracent l’origine du travail que je mène actuellement à La Courneuve sur la réécriture et l’interprétation de récits de vie. PLANCHES, CLOUS, MARTEAUX, court film réalisé en 2015 sur support argentique, comme une esquisse du long-métrage à venir, cartographie la destruction actuelle des bidonvilles, hantée par l’histoire de ceux qui ont vécu dans les mêmes conditions et dans les mêmes espaces, au cours du siècle précédent. Enfin, j’ai souhaité convoquer le parcours du cinéaste Pedro Costa, comme un écho, au travers du court film TARRAFAL. Il est de ceux qui aujourd’hui tentent de fabriquer du cinéma autour de ces questions, en tenant fermement l’équilibre de l’investigation documentaire et d’un cinéma « habité » au sens premier. Par les lieux, les corps et les mots, présences et absences, des hommes et femmes, auprès de qui son travail évolue depuis une quinzaine d’années. Ceux des habitants de l’ancien quartier auto-construit de Fonthainas, situé en banlieue de Lisbonne, qui depuis ont été relogés dans des immeubles, alors que les films de Costa accompagnent toujours plus loin leurs échappées dans les trouées du territoire et de la mémoire.” Jérémy Gravayat

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