L’Abominable accueille l’école d’été d’ArTeC

Pratiques et savoirs argentiques : recherches expérientielles de l’image en mouvement

Cette école d’été d’une semaine travaillera les possibles du support argentique tant théoriques que pratiques dans les champs du cinéma expérimental et du film d’artiste à l’aune d’une approche hands-on mêlant réflexion méthodologique et engagement sensoriel.

Tout en discutant de textes relevant de l’archéologie des médias, de l’histoire de l’art et du cinéma ou des laboratoires cinématographiques partagés, nous travaillerons dans les locaux de L’Abominable autour du film 16mm avec des caméras, outils de laboratoire et projecteurs. Ce travail d’atelier aura pour finalité l’élaboration de performances et d’installations en 16mm autour du motif de la boucle, à base de found footage (images préexistantes) et de prises de vue réelles en studio.

Associé·es à cette pratique, des artistes, cinéastes et chercheur·ses viendront dialoguer avec les participant·es sur les enjeux touchant aux outils de fabrication des films en pellicule, à la conservation des œuvres et des dispositifs, ainsi qu’aux enjeux aussi bien esthétiques qu’environnementaux de la matérialité de la pellicule et de sa projection.

Pour participer, voir le détail de l’école d’été sur https://eur-artec.fr/evenements/ecole-dete-2024/

Date limite de candidature : 10 mai 2024

Séance de L’Abominable au cinéma L’Ecran de Saint-Denis, le 7 juin 2024, à 20h.

Cinéma l’Ecran de Saint-Denis, 14 passage de l’Aqueduc, 93100 Saint-Denis

Depuis deux ans, l’association L’Abominable travaille à l’ouverture d’un nouveau lieu sur le site des anciens laboratoires Eclair d’Epinay-Sur-Seine : le Navire Argo.
Associant un laboratoire cinématographique partagé et une salle de projection publique équipée pour montrer les films sur leurs supports originaux, le Navire Argo sera un lieu de création, de projection et de transmission des savoir faire du cinéma argentique. Cette séance est l’occasion de marquer le lancement des travaux de réhabilitation du futur lieu. Pour célébrer ce nouveau départ, L’Abominable projette un programme de films de cinéastes de l’association, en 16mm et cousus mains ! 

Entrée libre dans la limite des places disponibles 


Programmation

REMEMBER TO REMEMBER

Sylvain Chaussée

16 mm, couleur, son optique, 8 minutes, 2018

Tourné sur une période d’un mois en Février 2013, Remember to Remember est le journal de bord d’un technicien de laboratoire de cinéma, luttant pour garder le rythme d’un lieu unique et farouche. Bien que certains éléments aient corrompu la réalisation du film, il en reste aujourd’hui un testament atypique de la passion du cinéma analogique.

BOSCO

Stefano Canapa, Lucie Leszez

16 mm, noir & blanc, silencieux, 8 minutes, 2023

Trois cinéastes rapportent des images de la forêt. Elles sont ensuite retravaillées et déstructurées avec les moyens du laboratoire photochimique : tirage à plat, tireuse contact et optique. Des rayons X percent un beau noir et blanc tranché.

MAN OF ARAL

Helena Gouveia Monteiro, Nicolas Clair (musique)

16 mm , couleur et noir & blanc, son optique, 7 minutes, 2023

Man of Aral est un film expérimental créé à partir de vues satellite de la Mer d’Aral en Asie centrale, montrant son dessèchement graduel et la transformation radicale du paysage environnant en conséquence de l’activité humaine.
Tel la mise en scène d’un récit autour d’une mer sans eau, Man of Aral présente l’érosion du paysage et du matériau filmique lui même comme des temporalités humaines et géologiques rivales, à travers des vues distantes d’un territoire aux changements rapides mais à peine visibles, un événement clé d’une échelle sans précédent.

AGUA DE VINAGE

Frédérique Menant

16 mm, couleur, son optique, 39 minutes, 2022

Une femme chemine dans des paysages insulaires où se dessinent les territoires intimes d’un deuil. Que fait-on des morts qui continuent à vivre en nous ? Comment vivre à la fois avec et sans eux ? Par une approche sensible, presque tactile, un monde se recompose où les absents trouvent une place au côté des vivants, où la sensualité l’emporte sur l’effondrement.

Séance spéciale Talitha / Julius-Amédée Laou, le 1er juin 2024 sur le site Eclair

À l’occasion de la Nuit blanche, à partir de 19h.

À l’occasion de la Nuit blanche, L’Abominable et l’association Talitha, engagée dans la recherche et la re-circulation d’œuvres sonores, filmiques et de récits marginalisés, s’associent pour une programmation de films rares du cinéaste et dramaturge Julius-Amédée Laou, en sa présence.

Julius-Amédée Laou est né à Paris dans une famille martiniquaise. Ses films sont de ce « cinéma qui lutte, qui s’oppose, qui propose, qui expérimente. Un cinéma trop souvent invisible. » 

Les films Solitaire à micro ouvert et Mélodie de brumes à Paris seront projetés en 16 mm, sur la friche industrielle des anciens laboratoires Éclair, seront projetés en 16 mm sur la friche industrielle des anciens laboratoires Éclair, dans les espaces mêmes où L’Abominable construit le Navire Argo.

Les films seront projetés deux fois, une séance à 19h et une séance à 21h.
Une discussion avec le cinéaste Julius-Amédée Laou et l’association Talitha est prévue entre les deux séances.

Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Accès : Navire Argo, Site Eclair, Epinay sur Seine – Tramway Lacépède

Et ce soir là, à l’Eclair, Soukmachines ouvre sa Guinguette!



SOLITAIRE À MICRO OUVERT
1984, France, 16mm, 18 min
Avec Serge Ubrette, Jacques Martial
À Paris, un jeune antillais a été victime d’un assassinat raciste. Son frère, fou de désespoir, armé d’un pistolet, pénètre dans les locaux d’une radio libre antillaise de Paris et prend toute l’équipe en otage. Toute la nuit il va parler à la communauté antillaise pour leur dire leurs carences, leurs faiblesses, leur manque de solidarité. Au petit matin, il sera emmené par la police.
Produit par le GREC et avec le soutien du CNC

MELODIE DE BRUMES A PARIS
1985, France, 16mm, 22 min
Avec Greg Germain
Richard, un Antillais d’une quarantaine d’années vivant à Paris, est hanté par les souvenirs traumatiques et la honte d’avoir combattu avec les français en Algérie. Un père ré-apparaît. Un tournage est interrompu. Dans son deuxième court métrage, Laou évoque le racisme quotidien en France, la jeunesse des années 1980, ainsi que les effets dévastateurs du colonialisme sur l’individu et la société. 
Distribution : Talitha

J’ai voulu témoigner de la présence de ces premiers Antillais arrivés en France au début du siècle et qui ne sont jamais repartis. Ma propre famille est venue à Paris au moment de la Première Guerre. En général, ces Antillais sont restés en France. Plusieurs se sont battus pour la France pendant la guerre d’Algérie. J’ai des oncles qui y sont allés. À leur retour, on traitait ces Antillais comme des indésirables et non comme des Français à part entière. C’est ce que j’ai montré dans Mélodie de brumes à Paris. La guerre d’Algérie est encore un sujet tabou en France.
Cinébulle,  Entretien avec Julius-Amédée Laou. Par Denis Bélanger et Michel Coulombe, 1988.


Avec le soutien de la Métropole du Grand Paris et du réseau Actes If.

Avanti, Navire Argo!

© L’Abominable – Merci à Emilion Baudeau pour la maquette

Bonjour à toutes et tous,

Nous avons réuni le financement pour faire exister le Navire Argo !!!

Ce matin du 7 mars, nous avons signé le bail emphytéotique de 35 ans à loyer nul et les travaux de rénovation du bâtiment des anciens laboratoires Éclair vont bientôt débuter.


En 2025 nous nous installerons dans le bâtiment rénové, remonterons notre matériel de labo et pourrons recommencer à faire des films en dehors des clous de l’industrie – et à en montrer au public dans la salle de projection dédiée à l’argentique qui l’accompagnera.

Merci à toutes celles et ceux qui ont signé l’appel à soutien sur le site du Navire Argo, et à toutes celles et ceux qui ont contribué financièrement, en France et dans le monde. Nous allons nous organiser pour utiliser cet argent pour faire face aux dépenses qui sont inéligibles aux financements publics que nous avons obtenus.

Merci à tous les partenaires publics qui nous ont soutenu et accompagné dans cette aventure : au Centre National du Cinéma et de l’image animée (700 000 €), à la Région Île-de-France (748 000 €), au Département de la Seine-Saint-Denis (700 000 €) et à au Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires qui, avec le dispositif du Fonds Vert (1,2 M €), est venu compléter le tour de table qui nous permettra de financer les lourds travaux de rénovation du bâtiment.

Merci à la Ville d’Epinay-sur-Seine d’avoir tenu le pari du Navire Argo et donner les conditions rares d’un ancrage pérenne à une association habituée au temporaire.

Merci à nos deux architectes, Michel Gravayat et François Le Pivain, qui depuis le début de notre folle entreprise nous ont patiemment accompagnés avec la certitude que nous saurions aboutir.

Merci à toutes celles et ceux qui nous ont aidé concrètement, avec du temps, de l’écoute, des conseils et des idées, qu’elles aient abouties ou non, parmi les centaines que nous avons brassées pendant ces deux années périlleuses que nous venons de traverser. 

Merci aux programmatrices, programmateurs, aux festivals et collectifs qui ont organisé des projections en soutien au Navire Argo, et à la presse qui a fait connaître le projet.

Merci à tous les cinéastes qui ont pris sur leur temps pour nous aider à déménager les 125 palettes et toutes les machines vers le bâtiment temporaire qu’a mis à notre disposition la Ville d’Épinay-sur-Seine sur le site Éclair le temps des travaux.

Plus largement, merci à tous les cinéastes et collectifs qui ont fait avec l’outil du laboratoire plus de 400 films, installations et performances depuis 1996, qu’on espère revoir bientôt s’agiter au-dessus des machines, et à toutes celles et ceux qui ont programmé ces travaux, donnant du sens à l’outil que nous fabriquons depuis bientôt 30 ans.

Le laboratoire patiemment assemblé à coup de récupérations, de dons de matériel et d’achats à prix modiques, laboratoire aujourd’hui complet sur toute la chaine, perdurera et fera vivre son esprit de partage et d’invention au sein même de ce qui était un lieu emblématique de l’industrie cinématographique au temps du photochimique. 

En parallèle du chantier, nous allons constituer la collection du Navire Argo en lien avec les archives, collectionneurs, cinéastes et distributeurs qui seront prêts à nous confier des copies de films sur support argentique — courts ou longs métrages, en 35mm ou 16mm, contemporains ou patrimoniaux — que nous conserverons dans les meilleures conditions en échange de pouvoir les projeter au public dans notre salle.

Tout cela se construit en collaboration et en résonance avec les réseaux d’autres lieux en France et dans le monde qui sont attentifs et travaillent à ce que ce support continue d’être utilisé jusqu’au XXIIe siècle !

Plus largement, nous aspirons à d’être un lieu ouvert à l’autre dans une époque qui sait de moins en moins l’être.

Aujourd’hui, nous avons une pensée toute particulière pour notre camarade Christophe Goulard, qui a pris soin des machines qui nous permettent de travailler des années durant et qui nous a quitté cet été avant que le Navire arrive à bon port.

Nous vous donnons rendez-vous au printemps pour deux séances spéciales pour marquer le lancement du chantier : le 26 avril au cinéma l’Écran de Saint-Denis et le 27 avril au Reflet Médicis à Paris, avec les Cahiers du cinéma.

Retrouvez les photos du chantier au fil des mois sur notre compte Instagram!

Démontage des Photomec – janvier 2024 © L’Abominable

Rejoignez l’équipe!

L’Abominable recherche un·e nouvel·le équipier·e au poste d’administrateur·rice.
Venez travailler avec nous dans les anciens laboratoires Eclair à Epinay-sur-Seine, au coeur du fonctionnement de l’association, de son travail quotidien et de la construction du Navire Argo.
Nous proposons un CDD d’un an à 30h par semaine (4 jours).
Pour candidater, envoyez un CV et une lettre de motivation à labo@l-abominable.org avant le 29 mars.

Intermède © Maria Kourkouta

Man of Aral

de Helena Gouveia Monteiro

16mm, couleur et n&b, son optique, 7’, 2023

Man of Aral est un film expérimental créé à partir de vues satellite de la Mer d’Aral en Asie centrale, montrant son dessèchement graduel et la transformation radicale du paysage environnant en conséquence de l’activité humaine.

Une séquence numérique en time-lapse a été créée d’après ces images, transférée sur de la pellicule noir & blanc 16mm et manipulée avec des teintures et virages chimiques, créant un objet visuel hybride à la fois numérique et argentique, manuel et mécanique. La bande son de Nicolas Clair est inspirée par la partition originale de John D. H. Greenwood pour Man of Aran en 1934.

Telle la mise en scène d’un récit autour d’une mer sans eau, Man of Aral présente l’érosion du paysage et du matériau filmique lui même comme des temporalités humaines et géologiques rivales, à travers des vues dis-tantes d’un territoire aux changements rapides mais à peine visibles, un événement clé d’une échelle sans précédent.

La mer d’Aral (mer des îles) était la quatrième plus grande masse d’eau intérieure sur la planète, avant le début des projets de drainage et d’irrigation de l’Union Soviétique dans la région, qui ont conduit au dessèchement du bassin et à l’apparition du désert d’Aral dans les années 2010. Le rétrécissement des niveaux de l’eau et l’exposition du fond marin aride constituent une immense catastrophe écologique avec des répercussions à l’échelle du continent et résonnent avec les changements climatiques contemporains, l’accès aux ressources hydriques, et le bouleversement d’écosystèmes produit par l’activité humaine au sein d’économies extractivistes.

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Musique : Nicolas Clair

 

Passion dévorante de Schönberg

de Camille & Victor

Super8, 16mm et vidéo sur 16mm et vidéo, n&b et couleur, son, 40’, 2023

Des lettres, des images. Des moments d’une histoire d’amour, de recherche et d’attente, de patience et d’impatiences. Où l’on essaie de construire une relation à deux, pleine de montagnes et de fossés à pic. C’est un film de tendresse et d’amitié, d’amour et de mort. Parce que ce qu’on vit à deux ne se voit pas, se camoufle, se protège, veut être un secret, ce film est un cadeau de souvenirs.

 

Bosco

de Lucie Leszez & Stefano Canapa

16mm, n&b, sil, 8’, 2023

Trois cinéastes rapportent des images de la forêt. Elles sont ensuite retravaillées et déstructurées avec les moyens du laboratoire photochimique : tirage à plat, tireuse contact et optique. Des rayons X percent un beau noir et blanc tranché.

 

Une île et une nuit

un film des Pirates des Lentillères

16mm sur vidéo, couleur et n&b, son, 100’, 2023

Autour du feu, voyageurs et pirates se racontent leurs souvenirs, leurs rêves, leurs batailles. D’une langue à l’autre, de récit en récit se font entendre le grondement de la tempête et le bruissement des feuilles, les sirènes menaçantes et les danses endiablées, le choc des sabres et le chant des oiseaux. Jusqu’à l’aube se dessinent mille et un chemins de cette île imaginaire mais pourtant bien réelle.

 

Séance spéciale Walerian Borowczyk par le CJC

Au cinéma l’Archipel – 17 boulevard de Strasbourg, Paris 10

7 septembre 2023 de 20h à 23h

La séance sera précédée de la restitution des films d’ateliers réalisés en juillet en partenariat avec L’Abominable autour des pratiques du cinéaste.

Peintre, affichiste, sculpteur et cinéaste, Walerian Borowczyk est un cinéaste et plasticien majeur de la seconde moitié du XXe siècle. Jouant dans chacun de ses films avec le mélange et les limites de ses pratiques diverses, il produit une œuvre cinématographique hybride et d’une grande richesse, à la fois esthétique et historique. Sa filmographie, encore trop peu connue aujourd’hui, a pourtant une place considérable au sein de l’histoire des avant-gardes françaises.

A l’occasion du centenaire de la naissance du cinéaste, le Collectif Jeune Cinéma propose une projection de ses courts-métrages, afin de célébrer la diversité des pratiques et des techniques de sa filmographie, en mettant principalement l’accent sur son travail d’animation. Mêlant les chefs d’œuvres du cinéaste à des films rarement montrés en salle – notamment de sa période polonaise – la programmation rend compte autant de l’héritage artistique qu’il célèbre dans ses films que de celui qu’il laisse derrière lui.

La séance rend hommage à un cinéma fait de corps, vrais, papiers ou dessins qui se démembrent, se reconstruisent et s’embrassent, dans des films faits de journaux trouvés, de chutes de papiers, de photographies et de found footages, qui eux même se déforment et se transforment. Et au centre de ces images, les objets, devenus protagonistes, prennent vie sous nos yeux, bercés par l’humour satirique et absurde propre au cinéaste.